Marseille, le 27/02/2022

La Zone à Faibles Emissions Mobilité (ZFE m) de Marseille,
une opportunité pour la Métropole Aix Marseille Provence et pour Marseille
Contribution à l’enquête publique de : une partie de la commission Aménagements cyclables de Marseille, Vélos en Ville, l’association Vélo Sapiens, la cyclo logistique Marseillaise : Agilenville, Tout en velo et Les Coursiers solidaires à vélo de Marseille, et Piéton à Marseile (antenne de 60 millions de piétons) structures membres de l’association métropolitaine « RAMDAM » (Rassemblement d’Associations pour les Modes de Déplacements Alternatifs dans la Métropole Aix-Marseille-Provence)
La ZFE-m s’impose réglementairement à nous afin de viser une amélioration de la qualité de l’air dans l’une des villes de France les plus polluées.
Pour autant, le remplacement progressif proposé des véhicules les plus anciens pose une question d’équité sociale et nécessite la mobilisation d’aides publiques importantes.
Par ailleurs, ce seul remplacement progressif ne permet pas d’atteindre les objectifs visés de réduction de la pollution et n’a que peu d’impact sur la circulation routière, l’accidentologie, le stress, le bruit, le stationnement anarchique et, plus globalement, l’occupation de l’espace public (envahissement des trottoirs …).
La ZFE-m est surtout l’opportunité pour Marseille, avec la Métropole Aix-Marseille-Provence, de mettre en place une politique de mobilité ambitieuse, et notamment de développer les modes alternatifs de déplacements (transports collectifs, nouvelles mobilités, modes actifs).
Les différents leviers de la mise en place de la future ZFE-m de Marseille :
• L’offre de transports collectifs :
La 1ère étape est d’améliorer fortement l’offre de transports collectifs dans Marseille mais aussi autour de Marseille, afin de permettre au plus grand nombre de se déplacer autrement qu’en voiture individuelle, ceci lors de l’entrée ou de la sortie de Marseille.
Ceci passe par :
-Une offre renforcée de transports en commun :
-d’avantage de couloirs réservés pour les bus
-de meilleures fréquences pour les lignes de bus, notamment celles en tension (ex : bus 83,81,18,35..)
-des plages horaires étendues, notamment le soir, puisque beaucoup de marseillais ont actuellement besoin de leur voiture pour sortir le soir, surtout en été
-la création de nouveaux Parking relais gratuits, à chaque entrée de la ville car Il est nécessaire également de réduire le flot de voitures entant dans Marseille
– Autres idées en faveur de la qualité de service des bus:
-Une coordination des feux aux intersections afin de favoriser les bus
-Les arrêts de bus peuvent être avancés au niveau de la chaussée comme cela existe depuis 30 ans à Lyon. Car les arrêts actuels favorisent le stationnement anarchique. Quelquefois, les bus ne peuvent atteindre l’arrêt et la montée est difficile pour les personnes, notamment celles à mobilité réduite
-Une offre renforcée les week-end, et la suppression des horaires dégradés durant les vacances scolaires, pour permettre aux marseillais, mais aussi aux touristes, de plus en plus nombreux, de circuler dans Marseille, ou de quitter Marseille le temps d’une journée, d’un week-end ou durant les vacances (vers les Alpes, vers La Ciotat ou Saint-Cyr-les-Lecques, vers la côte bleue,..) sans avoir besoin de voiture. Ceci implique :
-Un service de cars interurbains plus efficace, bénéficiant notamment de voies réservées sur les autoroutes
–Une offre renforcée de TER (vers les la Côte d’azur, vers les Alpes, vers les Alpes de Haute Provence, vers la Côte Bleue, ..)
• Politique tarifaire :
Il est nécessaire de mettre en place une politique tarifaire attractive comprenant de fortes réductions notamment pour les jeunes (voire la gratuité pour les moins de 26 ans dans le réseau urbain marseillais) et les personnes précaires (chômeurs, titulaires du RSA -revenu de solidarité active-, petits revenus..)
• La question des transports de nuit :
Beaucoup de marseillais ont besoin de leur voiture pour sortir le soir. Il serait ainsi nécessaire de mettre en place des systèmes de transports de nuit (navettes vers les festivals, navettes de nuit) vers les principaux lieux fréquentés le soir à Marseille, depuis les stations de métro, afin de desservir par exemple, le cours Julien et la Plaine, le Vieux port, l’Escale Borely..
Exemple : il serait peut-être envisageable de rajouter des systèmes de transports en commun très légers pour desservir le centre-ville largement piétonnisé, comme cela existe à Aix-en-Provence ou Alès-en-Cevennes
• Nouvelles mobilités et Modes actifs :
–Le vélo, en centre-ville, représente le mode de déplacement le plus rapide jusqu’à 5 Km. Il convient donc d’encourager ce mode, en mettant en place un véritable système vélo : mise en place plus rapidement qu’aujourd’hui, par la Métropole, des aménagements prévus pour 2024 dans le Plan vélo de Marseille
-Travailler sur l’intermodalité Vélo / transports en commun (stationnement près des arrêts de bus ou tram par exemple), permettre aux marseillais de garer leur vélo en sécurité (pose d’abris vélo sécurisés sur les pole multimodaux comme prévu, mais également dans le centre urbain.
-Des itinéraires / axes secondaires peuvent aussi être identifiés et balisés.
Les aménagements vélo, trottinettes et piétons :
–Faire de la place aux nouvelles mobilités (trottinettes électriques et vélos en free floating, vélos cargos), aux modes actifs (vélos « musculaire » et vélos électriques, marche à pied) et aux personnes à mobilité réduite :
-Pour cela transformer toutes les 2×2 voies de l’intérieur du périmètre ZFE en 2×1 voie (Exemple : Baille, Prado, av de hambourg,..)
-Pour la même raison, transformer les axes 2×1 voie en sens unique (exemple : rue d’Endoume)
=> afin de laisser de larges couloirs aux nouvelles mobilités et vélo.
–Réduire à 20/30 km/h la vitesse à l’intérieur de la ZFE, et favoriser les chicanes forçant physiquement le ralentissement
-Mettre en œuvre prioritairement à Marseille l’annexe « Accessibilité » du Plan de Mobilité métropolitain où sont inscrits ces leviers :
-ACTION TC08 Mettre en accessibilité la totalité des stations de métro
-ACTION TC14 Finaliser la mise en accessibilité des arrêts de bus
-ACTION PEM03 Améliorer la qualité de l’intermodalité
-ACTION S09 Généraliser les transports dédiés aux Personnes à Mobilité Réduite
-Accélération de l’écriture en cours du Plan Piéton Marseille, en y invitant les associations locales marche et accessibilité
-Pour le déplacement à pied des écoliers, collégiens et lycéens, pour un accès sécurisé aux écoles et établissement scolaires, soutenir les initiatives « Rue des écoles » engagées par la Ville de Marseille.
-Pour le développement de la marche et l’amélioration de l’accessibilité, soutenir dès mars 2022 –date de sa première réunion- le travail du comité de suivi « Pour la fin progressive du stationnement à cheval/trottoir dans le 1er arrondissement », voté en conseil d’arrondissement CICA le 1er février 2022.
Son succès permettra d’élargir cette action à l’ensemble du périmètre ZFE-m
-Profiter de l’interdiction du stationnement à cheval sur trottoirs pour libérer les trottoirs et assurer des conditions de déplacements à pied confortables (large trottoirs, végétalisation, bancs..) et permettre une meilleure intermodalité avec les transports en commun (ex : se rendre à l’arrêt de bus à 500m de chez soi dans de bonnes conditions)
-mettre en place une vraie politique de verbalisation et de vidéo verbalisation du stationnement automobile interdit (double file, stationnement sur piste cyclable, sur trottoirs, sur passage piéton, etc..)
-Modifier la politique tarifaire des parkings souterrains gérés en délégation de service public (QPark, Indigo..) en appliquant un tarif de stationnement identique à celui du stationnement en surface (gestion SAGS) pour compenser les places perdues par la libération des trottoirs et aider les riverains automobilistes à modifier leurs habitudes de stationnement.
-La loi LOM (Loi d’Orientation des Mobilités) oblige à créer, d’ici décembre 2026, des zones de réserve de 5 mètres minimum en amont des passages piétons.
Cette opportunité est à saisir dès l’été 2022 pour transformer des places de stationnement de véhicules motorisés en places de stationnement vélos + trottinettes.
-Tracer et équiper en arceaux vélo et rateliers à trottinettes, les zones de réserve pour le stationnement des vélos et trottinettes en toute sécurité..
–Reporter sur les zones de réserve le stationnement des vélos et trottinettes en location, actuellement en « free floating » afin de libérer les trottoirs et passages piétons et permettre aux piétons une marche confortable et sécurisée.
• rendre la voiture individuelle moins attractive :
Afin que les marseillais se tournent spontanément vers les transports collectifs, il est nécessaire que ceux-ci soient attractif. La voiture doit devenir moins attractive que les modes alternatifs (ex : difficultés pour trouver une place de stationnement, pour garer son véhicule sur l’espace public)
Les transports collectifs améliorés, les modes actifs valorisés doivent être gages d’un trajet plus court, porte à porte, et moins cher qu’en voiture.
Note : la difficulté de trouver de la place de stationnement, alliée à l’attractivité renforcée des modes alternatifs sont un levier puissant de changement d’habitude, et peuvent inciter les ménages à se séparer d’une voiture sur 2 par exemple, ou aux urbains possédant des voitures uniquement pour le week-end, de se défaire de leur voiture pour opter vers les transports collectifs, s’ils sont efficaces et attractifs.
• La voiture partagée :
La voiture partagée doit aussi être valorisée : promotion de l’autopartage, installation d’aires de covoiturages aux entrées et sorties de Marseille.
• La cyclo logistique :
La cyclo logistique est également une solution pour se passer de véhicules de livraisons encombrants et potentiellement polluants, générateur d’embouteillages lorsqu’ils déchargent en pleine voie notamment.
Le rapport sur la filière Vélo, remis le 8 février par le député Guillaume Gouffier Cha dans le cadre de sa mission parlementaire, indique en effet qu’entre 25 et 50% des marchandises livrées en ville pourraient l’être à vélo. Cette part représente aujourd’hui 1% des marchandises livrées.
Il est ainsi nécessaire d’anticiper les bouleversements radicaux que la ZFE va engendrer en termes de flux de marchandises.
Dans les mesures qui pourraient être mises en œuvre immédiatement pour soutenir la cyclo logistique :
–Subvention de la Métropole à l’acquisition de vélos cargo pour la cyclo-logistique. Exemple : la Ville de Paris subventionne l’acquisition de vélo cargo à hauteur de 1200 €, la Ville de Nantes à hauteur de 400 €. La Ville de Marseille ou la Métropole : 0
Autre action possible : Mise à disposition de foncier en centre-ville au tarif logistique pour mettre en place des hubs de proximité (ELU), en liaison et en cohérence avec les contraintes qui seront imposées aux transporteurs pour l’accès en Centre Ville (exemple : 200-400m2 abrité et clos, Zone de déchargement palettes, loyer annuel de 80€/m2)
Quand aujourd’hui la ZFEm est perçue par les acteurs du transport comme une future contrainte les obligeant à soit renouveler leur flotte de véhicule, soit repenser l’organisation de leurs tournées de livraison, la cyclologistique est une réponse crédible, vertueuse et efficace à ces problématiques pour un nombre élevé de flux (jusqu’à 50% de marchandises éligibles selon la source citées plus haut).
La filière marseillaise de la cyclologistique est aujourd’hui très dynamique et porteuse de nombreux emplois, la future ZFE-m ne pourra qu’accélérer cette tendance de fond de changement des pratiques de mobilités au sein de nos centre villes urbains denses.
Cette dynamique ne peut se maintenir que si des entreprises vertueuses, agissant au niveau local, respectueuses des salariés et leurs conditions de travail difficiles sont soutenues par les politiques publiques.
• Les navires du port autonome :
Le sujet de la ZFE doit également inciter la collectivité à réduire drastiquement la pollution des navires de croisières à quai, au moyen notamment notamment de de l’électrification.
• L’importance de la sensibilisation, le rôle des entreprise et l’exemplarité :
Au delà de l’amélioration nécessaire des services de transports, de la valorisation des nouvelles mobilités et des modes actifs, d’une intermodalité fluide entre les différents mode, la ZFE-m vise des changements comportementaux importants.
A ce titre, la ZFE doit être accompagnée d’informations vers le public (sur les services de transports existants, sur les tarifs préférentiels,..), et vers les entreprises du territoire (incitation à mettre en place la prime transport, et le « Forfait mobilité durable » pour les salariés), ainsi que d’une forte sensibilisation du public (communication réseaux sociaux, affichage, défis « sans ma voiture », jeux concours, exemple de déplacements facilement faisables sans voiture, etc..)
Ainsi, Les Plan de mobilité entreprises et inter entreprises sur les zones d’activités doivent être encouragées.
Les administrations doivent également être exemplaires (La Ville de Marseille, La Région SUD, La Métropole doivent mettre en place des Plan de mobilité Administration (PMA) pour leurs agents, comme la loi sur la Transition énergétique de 2015 l’exige
Les établissements scolaires devront aussi être encouragés par les collectivités à mettre en place des Plans de Mobilité Etablissement scolaire (PMES)
Contribution rédigée par une partie des membres de l’association Ramdam :
-Martial Comble, Olivier Jourdan : Vélo sapiens / RAMDAM
-Anne-Laurence Beaudoin : Coursiers solidaires à vélo de Marseille / RAMDAM
-Stéphane Coppey, Sam Cohen : commission Aménagements cyclables de Marseille et Vélos en Ville / RAMDAM
–Martine Bigot, Piéton à Marseille / 60 millions de piétons / RAMDAM
-Thomas Croizé : Tout en vélo / RAMDAM
-Mickael Mahut : Agilenville / RAMDAM
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